Il n’y a pas à dire, Thilliez sait se démarquer. La préface est on ne peut plus explicite : on passera du chapitre 56 au chapitre 58, par exemple ; il recommande également de prêter la plus grande attention aux repères chronologiques au début de chaque chapitre.

Et je confirme que, dans l’absolu, ce bouquin devrait être totalement illisible. On est en permanence baladé entre le début et la fin de l’histoire, on ne sait jamais si on rêve ou si on est dans la réalité, bref avec ma phobie des flashbacks j’aurais dû le fermer dès le 2ème chapitre.

Cet embrouillamini temporel s’accompagne d’un bordel sans nom au niveau de l’histoire elle-même. En effet, la psychologue qui assiste les enquêteurs est narcoleptique sévère. Donc elle s’endort un peu à n’importe quel moment. Et comme elle n’est pas aidée, quand elle dort, elle cauchemarde. Après quelques dizaines de pages, on ne sait plus jamais si on lit un rêve ou non. Et comme elle fait des rêves dans lesquels elle se réveille, les réalités imbriquées m’ont amené à lâcher l’affaire et à ne plus essayer de saisir le bouquin dans sa globalité.

Grand bien m’en a pris, car je crois que c’était le challenge de l’auteur : réussir à nous faire suivre le fil de cette histoire totalement déstructurée, autant dans son échelle temporelle que dans l’imbrication des épisodes.

Et, de façon surprenante, il parvient à faire de ce grand gloubi-boulga un scénario qui se lit linéairement et dans lequel les informations utiles sont là quand on en a besoin.

L’enquête elle-même, comme les motivations du méchant, passent un peu au second plan de la structure scénaristique ; Thilliez parvient (en plus de tout le reste) à introduire succubes et incubes dans l’enquête réelle, et le méchant est bien tordu dans sa tête.

PS : si vous croisez « un code à 7 chiffres » au cours de l’histoire, notez-le dans un coin. Vous comprendrez à la fin (moi je l’ai loupé…)

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