Devant la levée de boucliers qu’a soulevé mon dernier commentaire sur Mankell (« Meurtriers sans visage » – Henning Mankell), j’ai décidé de lire « La cinquième femme » autrement et d’y chercher ce que les fans de cet auteur y trouvent.

En faisant abstraction du style, sur lequel je reviendrai, j’ai effectivement trouvé une intrigue bien montée, dans laquelle une équipe de policiers dévoués corps et âme à leur métier parvient non sans mal à arrêter l’auteure d’une série de crimes sans lien apparent. Faute d’indices qu’aurait laissés la meurtrière, la majeure partie de l’enquête repose presque exclusivement sur les intuitions du commissaire Kurt Wallander et d’Ann-Britt Höglund, une de ses subordonnés. Et ils sont forts, un peu trop forts peut-être, au jeu des devinettes ; ce qui nuit un peu à la crédibilité de l’ensemble.

En termes de construction, on retrouve une trame classique de révélations, de dévoilements, de fausses pistes. Mais faute d’adversaire palpable, il n’y a aucune intensité. L’enquête se mène dans la tête de Wallander, les autres flics creusent, interrogent, fouillent et l’action la plus notable est un trajet en voiture à grande vitesse, gyrophares allumés : Wallander veut conforter une idée.

Avant d’aborder le style, je reviens sur la Scanie, cette région du sud de la Suède. Honnêtement, je n’aimerais ni y vivre, ni même y faire du tourisme. Outre le climat pourri sur lequel se fonde le style de l’auteur, les chemins y sont toujours boueux, étroits et défoncés. Les fermes sont toujours isolées loin de tout. L’ouvrage me laisse penser que les villes sont des patelins sans intérêt, que les hôtels sont rares et les suédois ne sont guère mis en valeur par la qualité de leur accueil ou leur gentillesse.

Bon, et ce style alors ? J’ai trouvé le qualificatif qui me semble le plus adapté : /méticuleux/. Tellement méticuleux que c’en est long. Tout est précieusement calibré, soigneusement décrit et mesuré. L’heure est toujours précise, la météo omniprésente, même si ni l’une ni l’autre n’apporte quoi que ce soit à l’histoire : il m’a fallu plusieurs chapitres avant de comprendre que je pouvais zapper la phrase « Il resta assis à la table de la cuisine jusqu’à sept heures passées » suivie, dans le paragraphe suivant, de « Il quitta son appartement à sept heures trente » : en vérité, on s’en fout…

Dans la même veine, dans un seul chapitre entre les pages 69 et 91, la pluie est mentionnée à huit reprises. Le chapitre débute par un paragraphe complet sur le sujet, et s’achève sur « La pluie cessa à peu près au même moment ». Et franchement, mis à part de mouiller et de transformer la terre en boue, la pluie n’a rien à voir dans l’histoire. Il y a également des chapitres venteux et, beaucoup plus rares en Scanie, des chapitres neigeux.