Pour un tas de raisons purement subjectives, j’ai attaqué ce livre à reculons, parce que c’était le dernier de ma pile. J’ai également eu du mal à entrer dedans. D’abord parce que je considérais qu’une erreur médicale, dans le contexte, constituait une bien piètre intrigue ; et puis parce que cet incident hospitalier se dilue très vite dans un long, très long flash-back qui constitue en fait l’essentiel du bouquin ; et aussi parce que les québéquismes à foison perturbent un peu la compréhension.

Alors survient ce qui fait la force d’un auteur : on s’attache à la jeune Rosalie, on vit son histoire d’amour qui devient subrepticement le pilier des pages qui tournent. Et même si tous les clichés harlequin sont là, ils s’entremêlent à une belle description de la vie en Abitibie.

À ce stade, je ne pensais pas me faire retourner comme un gant. Et pourtant : l’intrigue, la vraie, celle du roman, émerge brutalement. Le passé, si longuement détaillé, devient une clé. L’amour, si présent dans ce passé révolu, devient une arme. Les faits, les vérités apparaissent au gré d’une auteure inspirée.

Je n’en ferai pas mon roman de l’année, mais force m’est d’admettre que la structure de ce livre m’a particulièrement intéressé.