« Le tri sélectif des ordures et autres cons » – Sébastien Gendron

« J’ai regardé James avec dans l’œil le plein de bonté parce qu’ils faut toujours montrer au con qu’il est un con plein de bon sens. Le con est un animal grégaire qui aime à être rassuré par des mots simples qu’il pourrait lui-même assembler jusqu’à pondre une phrase sensée. Et comme on ne traite pas un con de con sans un minimum d’indulgence, j’ai accompagné la suite de mon laïus d’un petit sourire bienveillant. »

« La liste de nos interdits » – Koethi Zan

« Mes sens ont été assaillis par l’odeur viciée de l’endroit : transpiration, lubrifiants et fluides corporels indéterminés se mélangeaient et supplantaient les effluves de désinfectant industriel. […] L’homme était grand. […] Il tenait une laisse en cuir noir au bout de laquelle était attachée une femme mince, vêtue de cuir des pieds à la tête. Seuls ses yeux étaient visibles, nous scrutant dans la fente de la cagoule. Sa bouche était dissimulée derrière une fermeture Éclair. Elle se tenait voûtée, se traînant derrière lui à petits pas irréguliers, comme si elle était blessée. »

« Jeu de dames » – Nicolas Druart

« Toulouse, périphérique, sortie 16. Les trois témoins de l’exécution de sang-froid d’une joggeuse deviennent les cibles du tueur en série. Pris au piège d’un stratagème macabre, ils sont menés dans un jeu de piste au bout duquel ils n’ont qu’une chose à perdre : la vie. »

« The Blonde » – Duane Swierczynski

« Les nanomachines dans le corps de Jack avaient apparemment senti la présence de celles qui se trouvaient dans la grosse tête morte d’Ed, à l’intérieur du sac Adidas. L’hôte n’avait pas besoin d’être vivant. Il suffisait que les [nanomachines] soient présentes à moins de trois mètres. »

« Du feu de l’enfer » – Cédric SIRE

« Hadès pencha la tête sur le côté. Ses cornes frémirent, s’allongèrent et dessinèrent des sourires pervers au sein des volutes d’encens.
– Toi ? Tu tuerais ta sœur ?
– Nous n’avons pas à mourir tous les deux.
– Ariel ! Ils ne nous laisseront pas vivre de toute façon !
– […] Je tente ma chance. Donnez-moi ce putain de couteau. Je le ferai…
Les mains tordirent ses bras dans son dos. On la redressa pour exposer sa gorge. Les individus qui tenaient Ariel le lâchèrent. […] La cloche tintait comme une folle, un pouls proche de l’orgasme, dans la lumière entièrement rouge désormais.
– Donne-nous notre meurtre. Divertis les dieux.
Il tendit la lame à Ariel. »

« 11h14 » – Glendon Swarthout

« Sous les climats humides, un cadavre se décompose vite. Le corps gonfle. La peau se relâche et part en lambeaux. Les cheveux et les poils tombent. La graisse et le muscles se liquéfient. Les viscères éclatent. Si le mort se trouve en position verticale, le rectum, par exemple, peut descendre, se détacher de l’anus. À un moment donné, […] le corps explose. »

« Petiote » – Benoît Philippon

« Il pose la frêle menotte sur sa verge gonflée à bloc. Émilie en a un haut-le-cœur. Les paupières fermées, elle tente de s’évader dans un monde meilleur.
– et tu vas tout bien aval… hck…
[…] Émilie sent sa poigne mollir en symbiose avec la turgescence au creux de sa paume. […] Il fixe le plafond d’un œil vide. Immobile, il débande tranquillement. Le seul mouvement encore possible, alors qu’un couteau à saucisson vient de lui sectionner les cervicales.
 »

« La mort en tête » – Cédric Sire

« Elle traversa d’autres souvenirs fiévreux. Ils étaient tous là. Les monstres humains, pédophiles et assassins, qu’elle avait traqués tout au long de sa vie. Ceux qu’elle avait mis en prison, et ceux, aussi, qu’elle avait abattus au terme d’une interpellation difficile. Parmi eux, elle reconnut la silhouette brisée de [la] cruelle prédatrice affrontée jadis, son corps à présent fripé et contrefait, guettant son heure à quatre pattes, un masque de porcelaine taché de sang abritant ses traits hideux. Et tous les autres criminels. Terroristes. Illuminés. »