Si deux co-lectrices ne me l’avaient chaudement recommandé, je dois avouer que je l’aurais fermé à la page 50. La gamine débaroule avec une question historique, le vieux prof de sociologie mal luné a écrit ses mémoires de guerre, on voit bien où ça peut aller mais on voit mal la consistance que ça peut prendre.

Et puis, page 166, l’auteur introduit enfin un peu d’enjeu : le prof répondra à la question si la jeune femme mène une enquête pour son compte.

À partir de là, c’est-à-dire à partir du moment où on comprend la place respective de chaque personnage dans le scénario, la lecture devient fluide. L’enchevêtrement habile du manuscrit historique et des découvertes de la jeune femme s’accélère progressivement, l’intensité dramatique monte parallèlement dans chaque facette de l’histoire, jusqu’à exploser en une révélation de chairs, de sang et d’abomination qui traverse les années et qui s’achève enfin.

Le style est calme, posé, très japonais si on peut dire. Les émotions sont transmises par le contenu plus que par la forme.

Je ne peux pas dire que j’aie adoré ce bouquin. Toutefois, il constitue un mélange étonnant et bien réussi de style, de forme et d’intrigue, sur une thématique de crimes de guerre.

Traduit de l’anglais par Huber Tézenas