C’est toujours angoissant d’entamer un pavé de quasiment 1000 pages. Ça ne tient pas dans une poche pour aller au parc, ça pèse une tonne dans le sac à dos, on se dit que la version électronique serait plus pratique. Mais bon, on finit par se lancer.

Dès les premières phrases, j’ai adoré le style de l’auteur. Impertinent et parfois profond, piquant et amusant, il émaille l’histoire de pensées en tout genre, d’oxymorons ou simplement de phrases qui font sourire, comme :

Quand mon Powerbook eut accompli sa petite routine de réveil -une douche, une gorgée de café, un coup d’oeil rapide sur le journal, et je ne sais quel autre rituel interminable- j’insérai le disque dans la fente latérale.

L’enterrement s’était admirablement déroulé

Comme l’indique ce badge, Madame, j’appartiens au FBI. Nous tolérons l’impertinence à la télévision pour des questions de mise en scène, mais beaucoup moins dans la vraie vie.

– Qui est-ce ?
– Une amie.
– Elle sait qu’elle a du sang sur son chemisier ?
– Oui, répondit Nina. La journée a été longue. Et Ward est taché, lui aussi.
– Pour un homme c’est presque normal.

Ce style tient la cadence dans le deuxième volume, mais s’estompe dans le troisième au profit de parties que je qualifierais de plus « commerciales », « bouche-trou » : de longues descriptions de patelins ou de forêts qui, si elles ont leur place dans l’histoire, deviennent lassantes et qu’on finit par survoler pour retrouver le cours de l’intrigue.

Mon autre commentaire sur le style sera la façon de l’auteur d’introduire les personnages. Déjà, il y a beaucoup, beaucoup de personnages. Et, des chapitres durant, ils mènent tous leur vie indépendante, un chapitre après l’autre. On sait qu’ils vont finir par se croiser, qu’il va finir par se passer quelque chose. Mais on sait aussi, tellement ils sont nombreux, que si on fait une pause à la fin d’un chapitre, le chapitre suivant concernera quelqu’un d’autre et qu’on sera perdu, obligé de remonter en arrière pour retrouver de qui on parle…

Avant d’évoquer l’intrigue en elle-même, je ne peux qu’apprécier l’organisation du scénario. Pas à dire, le lecteur est chahuté, secoué, ballotté, trimballé d’un endroit à un autre, et rien ne laisse deviner le prochain événement voire, moins encore, la conclusion de l’histoire ! Un reproche toutefois : une fois encore, le troisième volume est de moindre qualité, l’événement principal survient relativement tôt et l’épilogue est quasiment prévisible. Il aurait peut-être dû faire une « bilogie » 🙂

Quant au sujet traité, enfin, la quatrième couverture ne vous apportera guère de précisions, alors je resterai discret. Disons que des ex-agents de la CIA et du FBI, en croyant voir renaître et tenter de résoudre une vieille affaire de tueurs en série, vont se retrouver au cœur d’une affaire beaucoup, beaucoup plus vaste.